Il est intéressant d’observer que bien souvent en clinique (et dans d’autres domaines de la science), les idées préconçues ont la vie dure. Ainsi, pour beaucoup de cliniciens, le pattern EMG enregistré avant une chirurgie ne change pas après. Cette idée repose sur le fait que chez le diplégique, la lésion est centrale. Le pattern EMG enregistré pré-opératoirement lors d’une Analyse Quantifiée de la Marche (AQM) est le reflet de cette lésion. Cette dernière entraîne des troubles qualifiés de secondaires dans le sens où la lésion primaire est bien la lésion neurologique. Ces troubles secondaires sont de deux ordres : spasticité du muscle (exagération du réflexe à l’étirement), rétractions qui découlent de la propriété des muscles spastiques). En troisième lieu on trouvera les déformations osseuses.
Spasticité, rétractions, entraînent évidement des troubles moteurs importants qui peuvent se solder chez l’IMC marchant par la perte de la marche. Entre-temps, l’AQM permet de mettre en évidence les troubles de la cinématique articulaire et les troubles de la contraction musculaire. Cette analyse donne des indications complémentaires précieuses au praticien qui peut ainsi décider d’une chirurgie de préférence multi-étagée, d’une neurectomie ou rhizotomie sélective, d’un traitement par Toxine Botulinique ou/et d’une rééducation adaptée avec appareillage, platres,etc…. La préservation de la marche est donc un objectif en soi.
Pourquoi intervient-on ? Parce que les troubles engendrés par la lésion centrale amène les articulations à s’immobiliser. Quand nous faisons une analyse à des enfants diplégiques spastiques, nous les voyons à un certain degré d’évolution des troubles secondaires (la primaire n’évoluant pas), sachant qu’à terme, si l’on ne fait rien, ils termineront en triple flexion. Tout au long du chemin qui va vers la perte de la marche, on assiste à l’évolution d’articulations qui deviennent de plus en plus raides, avec de moins en moins d’amplitude articulaire. Lorsque l’EMG est fait pour la première fois, l’enfant a atteint un certain degré de sévérité dans sa pathologie. Ce pattern EMG enregistré dépend de deux choses : de la lésion centrale et de l’adaptation que l’enfant réussi à faire pour conserver la marche avec les contraintes qui lui sont imposées au niveau du contrôle du mouvement et des propriétés de ses articulations. Il est bien évident qu’en levant des restrictions au niveau articulaire (allongement tendineux, ténotomie, transfert, neurectomie, toxine, etc….), l’enfant peux modifier son patern afin de l’adapter à ses nouvelles articulations post – intervention.
On ne peut raisonnablement pas considérer que les adaptations de l’enfant, qui sont soit inconscientes (et qui relèvent alors d’un contrôle du mouvement inconscient), soit conscientes (car voulues en terme de stratégie motrice) sont secondaires. Les praticiens sont souvent restrictif dans leur interprétation d’une marche automatique, qu’ils voient souvent comme issue d’un générateur automatique de marche. L’existence de ce dernier n’a pas été, me semble-t-il, démontré ches l’homme. La marche automatique n’est d’ailleurs certainement pas celle que l’on analyse en AQM mais cela reste à discuter.
Oui, le pattern EMG change après intervention et c’est normal. C’est de penser l’inverse qui ne l’était certainement pas… Du coup, dans les Rapports d’Analyse Quantifiée de la Marche, nous proposerons un comparatif EMG pré et post. C’est actuellement en développement et ce sera disponible en début d’année 2008.
Abstract : The purpose of this study was to investigate the changes in electromyographic (EMG) patterns after multilevel surgical treatment in children with spastic cerebral palsy. Children with diplegia (n = 18) and hemiplegia (n = 16) aging from 6 to 16 years participated in the study. Twenty healthy children within the same age span are presented as reference. Gait analysis and surface electromyograms of seven major lower limb muscles were assessed before and 1–5 years after the multilevel surgery. The most frequent procedures were equinus correction, distal rectus femoris transfer, femoral derotation osteotomy and hamstrings lengthening. The results showed that the previous EMG pattern of the soleus, lateral gastrocnemius and tibialis anterior muscles became closer to normal after the surgery, while no differences were detected between diplegic and hemiplegic patients. Furthermore, a subgroup of 10 patients showed an increase in medial hamstrings activation during preswing that decreased postoperatively. These findings indicate that changes in previous EMG patterns should not be ruled out after surgical treatment, although the extent of these changes is limited compared to changes in the kinematics. Abnormal muscle activation before the operation can be related to a compensatory response in some patients and this can be manipulated after surgery.
Keywords: Electromyography; Cerebral palsy; Gait; Surgery; Child
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